L’intersection des déterminants sociaux de la santé et des systèmes de prestation d’activités sportives et de loisirset l’impact sur la participation des résidents méritant l’équité

Contributions apportées par :

Julia Frigault

Colleen Gauvin

Cathy Halstead

Kyle Harrington

Tanya Hatt

Courtney Ivey

Corey Kettner

Dr  Jules Maitland

Hope Twinamatsiko

Madeleine Whalen

Nous tenons à souligner que ce projet a été réalisé sur le territoire non cédé et non abandonné des peuples Mi’kmaq, Wolastoqey et Passamaquoddy.

Les activités sportives et récréatives (ASR) englobent les activités qui favorisent le bien-être physique, social, mental et spirituel tout au long de la vie. Ces activités sont proposées par un éventail d’organismes, d’organisations et de clubs communautaires au sein des secteurs public, privé et à but non lucratif. Bien que ces entités jouent un rôle important dans l’offre de possibilités d’ASR accessibles à tous, les ressources sont souvent insuffisantes pour établir et mettre en œuvre des dispositions d’ASR de haute qualité, diversifiées, accessibles, dignes et équitables. Par conséquent, la participation des résidents du Nouveau-Brunswick méritant l’équité est entravée, ce qui limite les résultats positifs potentiels en matière de santé et de bien-être que ces expériences peuvent offrir.

Les politiques provinciales et fédérales visant à améliorer l’accessibilité des ASR reconnaissent les inégalités dans la participation aux ASR parmi les groupes méritant l’équité (1, 2). Malgré un large éventail de fournisseurs d’ASR couvrant les secteurs privé, à but non lucratif et public au Nouveau-Brunswick, d’importantes inégalités persistent sur le plan de l’accès digne pour les résidents méritant l’équité. Ces disparités deviennent évidentes lorsque nous examinons de près l’allocation des ressources en matière d’ASR et que nous nous demandons qui a accès à ces ressources et l’étendue de cet accès.

Dans le cadre de notre projet (3), nous avons créé une image basée sur les données et les observations de notre expérience sur le terrain afin de représenter visuellement la répartition des dispositions communautaires en matière d’ASR, de montrer qui a accès à quel type de dispositions en matière d’ASR et comment cela influe sur la participation dans différents contextes d’ASR.

Cadre stratégique pour le loisir au Canada : Sur la voie du bien-être. https://cpra.ca/fr/la-suite-des-choses-le-cadre-strategique-pour-le-loisir-au-canada/k

Dans l’image, trois lignes représentent différents niveaux d’accès aux déterminants sociaux de la santé (DSS) (4). La rangée supérieure illustre un accès limité ou négatif aux DSS, la rangée centrale un accès partiel et la rangée inférieure un accès positif ou étendu.

Sur la ligne supérieure, les résidents méritant l’équité et n’ayant pas accès aux DSS sont confrontés à un répertoire de loisirs restreint, s’engageant principalement dans des activités non structurées, des activités à faire soi-même, individuelles, entre pairs ou familiales. Ce niveau de participation ne s’accompagne pas d’investissements communautaires en matière d’ASR, comme un personnel dévoué, un équipement adapté, des programmes diversifiés et des services complets. Bien qu’ils ne bénéficient pas toujours du même niveau de soutien financier, humain et infrastructurel, il existe de nombreux exemples de communautés où les résidents méritant l’équité ont créé des espaces significatifs de rassemblement, de créativité et d’ASR communautaires. Bien que ces activités soient souvent négligées par les fournisseurs communautaires d’ASR et qu’elles ne se déroulent pas toujours dans un espace physique visible, elles sont essentielles à la création d’un sentiment d’appartenance à la communauté. Non seulement elles amplifient la culture immatérielle et matérielle ou les pratiques ancestrales, dans le cas des communautés des Premières Nations, mais elles peuvent aussi être considérées comme des actes de résistance à l’effacement et à l’oppression coloniale.

Lorsque l’on vit dans une communauté ou un quartier défavorisé, le fait de se sentir autorisé à vivre, à travailler et à jouer dans des espaces principalement fréquentés par des personnes plus privilégiées peut constituer un obstacle en raison des messages intériorisés selon lesquels « cet espace n’a pas été construit pour vous ». Cette situation est encore renforcée par le fait que les ressources et le soutien accordés à ces résidents méritant l’équité se manifestent principalement sous la forme de subventions offertes par des organisations telles que Sport Jeunesse et P.R.O Jeunesse ainsi que de réductions des frais d’adhésion. Ces interventions s’efforcent de compenser les obstacles liés à l’accès limité aux ASR pour faciliter au moins un certain niveau de participation aux ASR, mais elles ne permettent pas d’assurer un accès digne et une participation significative aux ASR.

À l’autre extrémité du spectre, dans la dernière rangée et le coin inférieur droit de l’image, les personnes ayant un accès élevé aux DSS adéquats disposent souvent d’un vaste répertoire de loisirs. Cette démarche est soutenue par diverses dispositions communautaires en matière d’ASR. Cela comprend l’accès à des installations bien équipées, à des programmes structurés et organisés, à du personnel rémunéré, à des animateurs et des bénévoles expérimentés et à des accompagnateurs et des instructeurs ainsi que des possibilités de programmes basés sur les voyages.

Pour les participants à notre étude qui avaient un certain accès aux DSS (ressources financières, moyen de transport personnel, logement stable et abordable), la participation tournait généralement autour d’activités non structurées accessibles à tous les membres de la communauté. Les exemples incluent les parcs, les sentiers, les terrains de jeux, les activités gratuites d’une journée, les ressources de la bibliothèque et d’autres programmes rentables facilités par les fournisseurs d’ASR pour l’ensemble de la communauté. Dans certains cas, un accès limité aux ASR de la communauté devient possible pour ce groupe.

Notre recherche communautaire met en évidence une tendance : les personnes ayant un accès élevé ou adéquat aux DSS et à des dispositions communautaires complètes en matière d’ASR ont tendance à avoir un éventail plus riche d’expériences de loisirs. Cette exposition plus large conduit à l’acquisition de compétences et à une plus grande confiance en soi, créant de nombreuses possibilités de s’engager dans des offres d’ASR communautaires qui les exposent à des réseaux sociaux communautaires plus robustes.

Nos résultats mettent également en évidence l’interaction puissante entre l’accès aux DSS, les dispositions communautaires en matière d’ASR, la participation aux loisirs et les impacts ultérieurs sur la cohésion et la participation de la communauté. Ce constat illustre l’importance de s’attaquer aux disparités en matière d’accès et de ressources pour favoriser des liens communautaires plus forts et plus inclusifs.

Nous reconnaissons également qu’il y aura toujours des exceptions, et que certains résidents méritant l’équité peuvent posséder des répertoires de loisirs étendus et des liens communautaires solides malgré un accès limité aux DSS. De même, l’accès aux DSS ne garantit pas un lien communautaire fort ou un répertoire de loisirs étendu.

Cependant, la majorité des résidents méritant l’équité avec lesquels nous nous sommes entretenus ont eu des expériences d’ASR dans des contextes qui ne nécessitaient pas de frais d’entrée (p. ex. les parcs) ou d’inscription, pas d’horaires compliqués et peu de temps à consacrer (p. ex. le sport). Ces expériences ont souvent impliqué des interactions avec des personnes issues de milieux socio-économiques similaires, des amis et des membres de la famille. En outre, les résidents ont longuement discuté du fait qu’ils ne se sentent pas en confiance et qu’ils sont jugés au sein des milieux communautaires d’ASR. Il en résulte un sentiment de ne pas être à sa place ou de ne pas mériter les possibilités d’ASR offertes.

Dans notre projet, il était évident que la plupart des dispositions communautaires en matière d’ASR sont conçues pour répondre aux besoins de ceux qui ont les moyens de payer. Si les résidents méritant l’équité ont eu l’occasion de participer à des activités significatives et informelles, ils n’ont souvent bénéficié d’aucun soutien direct de la part des fournisseurs d’ASR communautaires et des infrastructures. Les disparités raciales, économiques et géographiques en matière d’accès aux ASR créent des écarts importants sur le plan des possibilités et des inégalités de santé pour de nombreux résidents méritant l’équité. Pour transformer véritablement la manière dont nous parvenons à un accès équitable aux ASR, les secteurs d’ASR et les gouvernements doivent réévaluer les possibilités qui sont jugées essentielles et pour qui, et celles qui devraient être catégorisées comme spécialisées et de moindre priorité.

 

1 Canadian Parks and Recreation Association [CPRA], & Interprovincial Sport and Recreation Council [ISRC]. (2015). A framework for recreation in Canada: Pathways to wellbeing. https://www.cpra.ca/about-the-framework 

2 The Sport Information Resource Centre (SIRC). What We Heard: Findings of Government Consultations and a National Survey to Inform the Canadian Sport Policy 2023-2033. https://sirc.ca/wp-content/uploads/2023/01/SIRC-What-We-Heard-Report-FINAL-1.pdf 

3 https://www.reimaginingaccess.ca/ 

4 Raphael, D., Bryant, T., Mikkonen, J., & Raphael, A. (2020). Social determinants of health: The Canadian facts (2nd ed.). Ontario Tech University Faculty of Health Sciences/York University School of Health Policy and Management. 

 

Veuillez citer ce rapport comme suit : « Oncescu, J., 2023. L’intersection des déterminants sociaux de la santé et des systèmes de prestation d’activités sportives et de loisirs et l’impact sur la participation des résidents méritant l’équité. Réimaginer l’accès aux ASR. »

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